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répertoire historique de l'administration coréenne 한국 역대 행정-관직 총람 maurice courant 모리스 꾸랑 table des matieres i – la maison royale 왕가 p.1 ii – les administrations de la maison royale 왕가행정 p.12 iii – les administrations de la cour 궁중행정 p.15 iv – les hautes administrations générales 고급일반행정 p.45 v – les ministères et les administrations spéciales 행정부서와 특수행정 – i – fonctionnaires civils 이조 p.59 vi - ii – cens 호 p.65 vii - iii – rites 예조 p.78 viii - iv – armée 병조 p.126 ix - v – justice 형조 p.136 x - vi – travaux 공조 p.142 xi – les administrations locales 지역행정 – i – seoul et les quatre préfectures-forteresses 서울과 사도부(四都府) p.148 xii - ii – les provinces 지방 p.156 xiii – l’organisation militaire 군사조직 p.176 xiv – les examens civils et les rangs officiels 과거와 공식계급 – la noblesse 양반 p.198 xv – la classe moyenne ou la classe des interprètes 중인층과 통역인 p.222 xvi – les relations avec la chine et le japon 중국-일본과의 관계 p.231 xvii – les commis des yamens 관아 녹사 p.236 xviii – les valets des yamens 관아 포교 p.242 xix – le peuple : la classe honorable 서인 : 양민층– les corporations 전계(廛契) p.245 xx – le peuple : classe vile 서인 : 천민층– les esclaves 노비 p.260 xxi – le confucianisme 유교 p.267 xxii – le bouddhisme 불교 p.270 xxiii – les administrations nouvelles 신행정 p.274 ce projet a été soutenu par l'academy of korean studies 본 계획은 한국학 중앙 연구원의 지원을 받음 (aks 2015 r28) ▪ présentation 소개 ▪ répertoire 총람원문 ▪ titres de fonctionnaire 관직명 ▪ organes gouvernementaux 기관명 ▪ termes divers 기타용어 ▪ références 관련자료 ▪ preface résidant à seoul depuis plus d’une année, j’ai voulu comprendre la vie, étudier quelques points de l’histoire du peuple, au milieu duquel je me trouve : dans les documents officiels comme dans les conversations, dans les inscriptions et dans les livres, j’ai rencontré la trace d’un état social, l’indication d’une administration qui sont particuliers au pays de corée et sur lesquels aucun ouvrage européen ne jette une lumière suffisante. j’ai donc essayé de m’éclairer par les ouvrages indigènes : les chapitres qui suivent, sont le résultat de mes recherches. je me suis proposé d’abord de donner une liste, aussi détaillée et étendue que possible, des ressorts du gouvernement, avec de brèves indications sur les mouvements dont ils sont animés : mais l’administration, qui veille au fonctionnement d’une société vivante, exprime, pour une certaine part, les besoins de cette société et réagit sur l’organisme d’où elle est sortie, en le faisant prendre conscience de ses aspirations, soit qu’elle les refoule, soit qu’elle les satisfasse d’une manière plus ou moins adéquate : je n’ai donc pu me borner au répertoire des organes du gouvernement coréen et, pour en faire voir le jeu, j’ai cherché à montrer la matière administrée à côté de la machine qui administre. et, non content d’assister à la marche présente de ces rouages, il m’a fallu, pour en expliquer les figures et l’agencement, rechercher ce qu’étaient les anciens rouages dont ils ont pris la place au cours des temps. ce qui attire, avant tout, le regard en corée, c’est l’imitation [image de page : ii ] de la chine : langue officielle, style de la correspondance, formes littéraires, systèmes philosophiques, rites, costumes de cour, titres et fonctions, partout c’est la chine, soit celle des ming, soit celle des song, ou des tang [t’ang], ou d’époques plus reculées encore : et le coréen se fait gloire d’être un copiste fidèle. tous ces usages d’époques différentes, conservés ensemble et mis sur un même plan, nous font voir sans tarder que c’est seulement une copie que nous avons sous les yeux, une copie qui a subi de nombreuses retouches. sous la dynastie actuelle, les idées chinoises ont pénétré bien avant dans l’esprit de la nation ; à la fin de la dynastie précédente déjà, le fond coréen se montre plus à découvert ; si nous remontons plus loin, jusqu’au xie siècle, l’influence de la chine existe dans les mots, dans les formes, mais à peine dans la réalité des choses ; et plus haut encore, avant le vie siècle, les faits que nous savons, sont purement coréens, sans aucune empreinte étrangère. mais aujourd’hui même, sous le vernis qui le recouvre, le caractère indigène perce en plus d’un endroit : si le coréen néglige son style, il y introduit aussitôt des tournures qui n’ont rien de chinois, et, dès qu’il cesse de veiller sur son attitude, il redevient lui-même. la nature de la corée a un charme pénétrant : une côte profondément découpée, semée d’îles verdoyantes ; un sol très accidenté, sans plaine où l’œil s’égare, sans grandes montagnes, mais où les plus petites collines se parent de je ne sais quelle majesté mêlée de grâce ; de larges fleuves au cours rapide, partout des vallons frais et des eaux claires ; une végétation très variée, assombrie par les conifères, mais égayée par la quantité des fleurs ; très vigoureuse, elle s’épanouit à l’automne en un luxe de frondaisons folles où s’épuise la gamme des ors et des roux ; et enfin une lumière pure, ambrée, sans nulle sécheresse, qui baigne les verdures et les rochers, accuse ou noie les détails et fait du même site un paysage nouveau à chaque heure du jour. le climat est en général très doux : mais les éléments ont une violence étrange pour un pays de zone tempérée ; parfois le vent ou la pluie font rage, brisent, transpercent, inondent ; et les changements de température se suivent avec une rapidité faite pour déconcerter. il y a beaucoup d’harmonie entre la nature de la corée et le caractère des habitants : [image de page : iii ] artiste d’instinct, le coréen a un profond sentiment de la couleur, de la ligne ornementale, de la perspective même, comme on le peut voir dans ses dessins, ses broderies, ses motifs de plafonds, ses ferrures pour meubles, ses vases de laiton : il est passionné, violent, tout soumis à son idée ; mais son idée ne dure qu’un temps fort court, la volonté lui manque pour la tenir et un autre caprice le remplace bientôt ; aussi, pour tout ce qui demande préparation et continuité d’action, est-il de beaucoup inférieur aux peuples voisins ; sa violence est brève et d’habitude, il est facile à conduire. il aime les idées plus que les actes, et les paroles plus que les idées ; très capable de spéculation philosophique, il s’est presque toujours égaré dans les discussions de mots ; mais souvent il s’est épris de ses mots ou de ses théories et leur a sacrifié sa position, sa liberté, sa vie : le confucianisme a eu des sectes en corée, des persécutions et des martyrs. si par caractère le coréen n’est pas bien armé pour la vie pratique, les circonstances aussi lui ont été fort contraires : le sol est trop montagneux pour être riche ; l’homme est sobre, est faible devant les éléments destructeurs : il travaille peu. le pays est coupé en une multitude de petites vallées qui communiquent difficilement ; les fleuves torrentueux ne servent pas de route, mais séparent les riverains ; l’état naturel de la corée, c’est, semble t-il, d’être divisé en principautés ou en tribus et il en a été longtemps ainsi ; les annales, jusqu’au viiie siècle sont remplies des luttes de ces petits etats. le commerce a donc été presque impossible, et est encore très difficile. si loin que l’on remonte dans l’histoire coréenne, on trouve une noblesse : territoriale, féodale, pourrait on dire, dans le pays de silla [sin ra], où le roi n’était d’abord que le premier des chefs de tribus, elle a lentement changé de caractère : le pouvoir royal a peu à peu maîtrisé ceux qui l’avaient mis à leur tête, et s’est appuyé pour cette oeuvre sur les idées confucianistes : mais, encore sous la dynastie de koryŏ [korye], les résistances ont été vives et ont pris la forme d’empiétement des mandarins, surtout des mandarins militaires, sur l’autorité du roi ; d’ailleurs les idées chinoises d’absolutisme portent avec elles leur correctif, et ces mêmes principes confucianistes ont, principalement depuis cinq cents ans, constitué une classe de [image de page : iv ] lettrés nobles, héritiers de l’ancienne noblesse et dont l’opp